Par Léa Drouelle

Le Burning Womxn est de retour ! Cette année, le festival prend ses quartiers à la Bellevilloise, du 10 au 11 juin. Concerts, expos, conférences, dictée érotique et autres performances artistiques rythmeront ce rendez-vous à la fois féministe, intersectionnel et inclusif. Pleins feux sur la deuxième édition !

Après une première édition à la Maroquinerie l’année dernière qui a réuni 700 visiteur·euses, le très réussi festival Burning Womxn revient pour une deuxième édition, avec encore plus de noms au line-up ! Autant vous prévenir tout de suite : on ne parle pas du pendant féminin du festival déjanté et mythique qui se tient chaque année aux États-Unis. Pas de désert donc, ni de mannequin géant destiné au bûcher. Mais le feu, lui, sera bien au rendez-vous. “Notre nom se réfère au feu des sorcières brûlées, mais aussi à celui de la colère qui embrase le milieu féministe et militant. Il colle également bien à notre programmation artistique, très underground et coup de poing. On est là pour bousculer, on n’a pas envie d’être douces !”, s’exclame Marion Degorce, directrice artistique et co-fondatrice du Burning Womxn. Délicieusement non conventionnel, Burning Womxn, se présente comme un festival d’arts à la fois féministe, intersectionnel et inclusif. “Notre but premier est de donner un espace d’expression aux artistes qui sont invisibilisé·es : les femmes, les personnes racisées et toutes les minorités de genre”.

Une notion d’inclusivité qui s’illustre jusque dans le nom du festival, avec le “x” pour remplacer le “a” de “Woman”. “On utilise ce terme en anglais non pas pour créer une nouvelle catégorie de femmes –  les femmes trans sont des femmes – mais pour inclure les minorités de genre comme les personnes non binaires ou agenres”, précise le·la co-fondateur·trice du festival Julie Dentzer. Même si certains commencent à tourner dans les grands festivals, les noms sélectionnés par le Burning Womxn restent pour la plupart confidentiels. Une volonté assumée de la part des fondateur·trices : “Nous essayons d’être un tremplin pour tous·tes ces artistes, en leur donnant la place qu’on ne leur accorde pas ailleurs. L’année dernière, nous avons programmé une musicienne qui faisait sa toute première scène ! Thérèse et Mila Dietrich, qui étaient aussi dans le line-up de la première édition, ont pas mal tourné cette année et rappellent fréquemment qu’elles sont passées par le Burning Womxn, ce dont nous sommes assez fièr·es”, confie Marion Degorce dans un sourire.

Tout le monde y trouve sa place, et la programmation éclectique le prouve bien. Sur scène, on retrouvera la rappeuse “Pussy Power” Tracy De Sá, le duo envoûtant à la croisée de la pop et de l’électro Thelmaa, la loud-folk du duo Grande ou encore le son mystique aux influences pop, rap et musique latine de Baby Volcano, qui commence à se faire un nom depuis la sortie de son EP “Sindrome premenstrual”. Mais Burning Womxn, ce n’est pas que de la musique. Pluridisciplinaire, le festival fait aussi la part belle à de nombreuses formes d’art, que ce soit la photographie, la peinture, le tatouage… “On ne fait pas de hiérarchie !”, précise Marion Degorce. Outre les concerts, l’événement accueillera des expos, des performances artistiques, une librairie féministe itinérante ou encore une marketplace. On pourra aussi se frotter à l’art du DJing, tester son orthographe à travers une dictée érotique lue par la comédienne Miel Pagès, s’offrir une séance de nail art avec Guirose Nail ou encore découvrir le travail d’Amina Bamieh qui questionne les sujets liés à l’identité et au corps social, à travers la photographie, l’installation, les fanzines et le textile. Des conférences seront également organisées pour sensibiliser aux enjeux du féminisme intersectionnel. La journaliste et autrice Christelle Murhula parlera notamment de tatouages sur peau noire et d’appropriation culturelle, le samedi 10 juin, à 12h.


 “On continue de brûler, quoiqu’il arrive” 

Cette année, les organisateur·trices de l’événement attendent pas moins de 12 000 visiteur·euses. Pour cette deuxième édition, l’événement s’installe à la Bellevilloise. Un espace doté d’une salle de concert, d’exposition et de conférence, qui s’adapte parfaitement à l’esprit pluridisciplinaire du Burning Womxn. Prochain objectif pour ses fondatrices : faire de leur événement un rendez-vous pérenne dans le calendrier des festivals parisiens de l’été !  Fondée en 2020 par Marion Degorce, Marie de Lerena et Julie Dentzer, l’association Burning Womxn organise (en plus du festival) des événements tout au long de l’année. Soirées ciné-débat autour d’un film féministe, expositions pour évoquer les limites du genre à travers les pratiques artistiques et l’expression des corps, interventions dans les lycées pour parler de la place des femmes dans la musique… Là encore, l’objectif principal est d’amplifier la voix des artistes invisibilisée·es.

Même si les choses commencent à bouger petit à petit dans ce domaine, du moins dans le milieu de la musique, tempère Marion Degorce, également directrice artistique pour Live Nation France, “Le manque de mixité dans les festivals est de plus en plus pointé du doigt, notamment par les internautes sur les réseaux sociaux. En interne, on fait plus attention qu’auparavant. Même ceux et celles qui n’ont pas de conscience féministe se penchent sur la question, car iels savent qu’il y a un fort risque de se faire tacler si iels ne le font pas !  La route reste toutefois longue et semée d’embûches pour les minorités de genre, y compris dans la musique. On pense notamment à Bilal Hassani. En avril dernier, l’artiste genderfluid s’est vu contraint d’annuler une date à Metz. Le concert devait se tenir dans une église désacralisée et a fait l’objet de menaces et d’insultes homophobes émanant de groupes catholiques traditionalistes et identitaires, à l’encontre de Bilal Hassani et de son public. “Il y a encore beaucoup de boulot”, admet Marion Degorce. Avant d’ajouter : “C’est pour cette raison qu’il ne faut rien lâcher : on continue de brûler quoiqu’il arrive ! 

Publié par :sorocité

Laisser un commentaire